Dimanche 19 novembre, les Argentins sauront s’ils seront gouvernés pendant les quatre prochaines années par un ultralibéral d’extrême droite, Javier Milei, ou par l’actuel ministre de l’économie, le péroniste Sergio Massa (centre gauche), au bilan médiocre. Les deux finalistes du premier tour de l’élection présidentielle du 22 octobre sont au coude à coude dans les sondages avant le second, avec un léger avantage pour le premier.
Jeudi 16 novembre, l’outsider (30 % des voix au premier tour), lancé en politique il y a trois ans à peine, a clos sa campagne à Cordoba, à 700 kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires, lors d’un meeting réunissant une foule impressionnante, tandis que Sergio Massa (36,8 %) avait choisi, à l’opposé des grands rassemblements auxquels le péronisme (du nom de l’ancien président Juan Peron, en fonction de 1946 à 1955 et de 1973 à 1974) est habitué, l’ambiance plus feutrée et intimiste de la cour d’un des principaux établissements scolaires publics de Buenos Aires, le Carlos-Pellegrini, auquel la presse n’a pas eu accès.
La campagne a semblé éternelle. Les Argentins ont passé l’année dans les urnes, entre élections municipales, provinciales, primaires, législatives et présidentielle. Tout peut se jouer au dernier moment, les indécis représentant encore de 8 % à 10 % des électeurs. Javier Milei bénéficiera certainement d’une grande partie des suffrages de ceux ayant voté, au premier tour, contre le péronisme, soit 64 % des électeurs. Au pouvoir pendant seize des vingt dernières années, le mouvement de centre gauche – il a beaucoup évolué tout au long de ses soixante-dix-huit ans d’existence – est tenu pour responsable de l’inflation galopante (143 % en un an) et du taux de pauvreté de 40 %, même si celui-ci a surtout augmenté pendant le gouvernement de centre droit de Mauricio Macri, entre 2015 et 2019.
Compter sur un report de voix
Beaucoup de ses électeurs considèrent que M. Milei n’aura pas les moyens, faute de sièges suffisants au Congrès, de mener à bien ses projets les plus extrêmes. Pourquoi, dès lors, voter pour lui ? « Entre la peste et le choléra, c’est difficile de choisir, mais n’importe quel candidat du changement est préférable à la continuité que représentent Sergio Massa et le péronisme, dont on ne veut plus », explique Ana Maria Croce, 71 ans, qui travaille dans un laboratoire d’analyses médicales.
Javier Milei devrait surtout pouvoir compter sur un report de voix de la candidate de droite arrivée troisième le 22 octobre, Patricia Bullrich, du parti de Mauricio Macri, Juntos por el Cambio (« ensemble pour le changement »). Tous deux ont assuré Javier Milei de leur soutien juste après le premier tour. Un ralliement crucial, alors que Mme Bullrich a obtenu 6,2 millions de voix (23,8 %). Elle était présente, jeudi soir, à ses côtés, sur la scène du meeting de Cordoba.
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