Après quarante-neuf jours de bombardements, au moins deux cents camions remplis d’eau, de nourriture et de médicaments sont entrés dans Gaza par le point de passage de Rafah, au sud, vendredi 24 et samedi 25 novembre, aux premiers jours d’une trêve conclue entre le Hamas et Israël. C’est le plus grand convoi humanitaire autorisé depuis le début de la guerre sur un territoire où la moitié des bâtiments ont été détruits et 1,7 million d’habitants sur les 2,4 millions que compte l’enclave, déplacés. Au moins 129 000 litres d’essence ont aussi été distribués pour que des infrastructures comme les hôpitaux puissent s’alimenter en électricité grâce à des générateurs.
L’aide reste toutefois suspendue à la fragile trêve négociée entre le Hamas et Israël. Samedi soir, le mouvement islamiste a suspendu la libération attendue d’otages à Gaza après avoir réclamé dans un communiqué « l’entrée des camions d’aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza » et le respect des « critères de sélection » pour la libération des prisonniers palestiniens. Après une médiation de l’Egypte et du Qatar, il a ensuite annoncé que des otages seraient bien libérés samedi soir.
Lorsque Israël a décidé de couper, le 9 octobre, l’accès à l’eau, à l’électricité, au carburant et aux médicaments à Gaza, l’enclave était déjà mal en point en raison d’un blocus imposé depuis 2007. Quelques semaines seulement avant l’attaque du Hamas du 7 octobre, la Banque Mondiale appelait d’ailleurs à une « action urgente » pour sortir les territoires palestiniens du marasme économique. L’Institution de Washington, qui ne souhaite plus communiquer sur la situation sur place, égrenait les indicateurs alarmants dans un rapport publié le 18 septembre : un taux de chômage à 25 %, un taux de pauvreté à 24 % et des infrastructures de santé en déshérence ainsi que des pénuries de médicaments.
Depuis les bombardements indiscriminés de l’armée israélienne sur Gaza, le marasme économique est en passe de se transformer en « tragédie sanitaire », a averti l’Unicef, le 21 novembre, qui s’inquiète de l’apparition d’épidémies, faute d’assainissement suffisant. Près de la moitié des bâtiments sont en ruines, selon les estimations des Nations Unies, soit quelque 43 000 logements complètement démolis et 225 000 partiellement. « Les destructions sont d’une ampleur considérable, témoigne Abdallah Al Dardari, responsable du Programme des Nations Unis pour le Développement (Pnud) pour les États arabes, la moitié des bâtiments ont été détruits en seulement un mois, alors qu’en Syrie, il a fallu 4 à 5 ans de guerre pour que les pertes atteignent les mêmes proportions. » L’économie gazaouie est à terre et celle de Cisjordanie est en sursis.
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