En Iran, une adolescente meurt dans des circonstances suspectes qui rappellent la mort de Mahsa Amini

Armita Geravand avait 17 ans. Elle adorait la musique pop coréenne, faisait du taekwondo et aimait la peinture. Elle a été agressée, le 1er octobre, dans le métro de Téhéran par des femmes travaillant pour le régime iranien parce qu’elle ne portait pas un foulard. Après quatre semaines passées dans le coma, l’adolescente est décédée samedi 28 octobre dans un hôpital de la capitale. Son corps a été enterré, dimanche, dans le cimetière de Behesht Zahra, situé dans le sud de la ville, en présence de nombreuses forces de sécurité en civil.

Lors de ses funérailles, une dizaine de personnes ont été arrêtées, dont la célèbre avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, la lauréate 2012 du prix Sakharov du Parlement européen pour les droits humains. Les autorités iraniennes rejettent toute responsabilité dans la mort d’Armita Geravand, expliquant que cette dernière s’est cogné la tête contre le sol après s’être évanouie à cause d’une chute de tension.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’avocate Nasrin Sotoudeh, militante des droits humains, martyre de Téhéran

La mort de la jeune fille fait tragiquement écho à celle de Mahsa (Jina) Amini, décédée le 16 septembre 2022. Battue lors d’une garde à vue à cause de son voile « mal porté », elle était elle aussi tombée dans le coma. A l’annonce de sa mort, l’Iran a été submergé par une vague de contestation inédite dans son étendue et sa durée.

Pendant des mois, les Iraniens, partout dans le pays, sont descendus dans la rue crier leur colère contre les autorités de la République islamique. Plus de 500 personnes ont été tuées, dont des dizaines d’enfants. Encore aujourd’hui, des femmes iraniennes sortent sans foulard dans la rue pour dénoncer cette obligation en vigueur dans le pays. Elles risquent le harcèlement, l’arrestation, l’amende, la confiscation de leur voiture et le licenciement de leur travail.

Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés En Iran, un an après la mort de Mahsa Amini, une résistance populaire à bas bruit pour tenter de mener une « vie sans compromis »

Suspicion d’aveux forcés des parents

Ces dernières semaines, des Iraniens ont témoigné de la présence des agents en civil, notamment dans les stations de métro, qui s’en prennent aux femmes jugées « pas assez couvertes ». Selon des sources citées par ‌‌BBC Persian, Armita Geravand a été bousculée par un groupe de « hejabban » (« surveillant du hijab » en persan), parce qu’elle ne portait pas son foulard, tombé sur ses épaules. Sa tête aurait ensuite cogné une barre métallique dans un wagon. Les autorités iraniennes rejettent cette version des faits. Elles ont publié des images, enregistrées par les caméras de surveillance dans la station en question, mais jamais celles de l’intérieur du wagon où les faits se sont déroulés.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Dans le métro de Téhéran, un drame suspect qui fait écho à la mort de Mahsa Amini

Les parents de la jeune fille et ses amies ont été plusieurs fois interviewés par la télévision publique iranienne, un outil de propagande, répétant la version avancée par le régime. Or certains Iraniens, soulignant l’air désespéré des personnes interrogées et leurs paroles désordonnées, considèrent que les proches de la jeune fille ont été contraints de tenir ces propos. Les aveux forcés font partie des pratiques courantes en Iran.

Il vous reste 40% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.