« Le tribunal a accepté notre requête, ce qui revient à suspendre » la condamnation qui avait entraîné l’inéligibilité pour cinq ans d’Imran Khan, a rapporté, mardi 29 août, à l’Agence France-Presse (AFP) son avocat, Gohar Khan. Un tribunal d’Islamabad a ainsi suspendu mardi la condamnation à trois ans de prison pour corruption de l’ancien premier ministre pakistanais et ordonné sa libération sous caution. Des incertitudes demeurent toutefois au sujet de l’immédiateté de cette dernière, selon un des avocats de M. Khan.
Même s’il sera rejugé en temps utile, le jugement permettra à Imran Khan, âgé de 70 ans, de se présenter aux prochaines élections législatives. Il a nié les accusations, insistant sur le fait qu’il n’avait violé aucune règle. « Imran Khan a de nouveau le droit de diriger son parti Pakistan Tehrik-e-Insaf [Mouvement du Pakistan pour la justice] après l’ordonnance du tribunal d’aujourd’hui », a déclaré Babar Awan, un autre avocat de M. Khan, aux journalistes après l’annonce de la décision.
Gohar Khan a expliqué craindre que l’ancien premier ministre, qui est poursuivi dans plus de deux cents affaires, soit immédiatement arrêté de nouveau. « Nous avons présenté une requête séparée devant le tribunal lui demandant d’émettre une décision interdisant aux autorités de l’arrêter dans toute autre affaire », a-t-il ajouté. « Si les autorités l’arrêtent à nouveau (…), cela ira à l’encontre de ses droits légaux », a-t-il insisté.
Les avocats de M. Khan ont annoncé mardi qu’ils se rendraient aussitôt à la prison de la ville d’Attock, à environ 60 kilomètres de la capitale Islamabad, où il est détenu. Mais le commentateur politique pakistanais Omar Quraishi a déclaré à l’AFP qu’il « rest[ait] à voir si l’ancien premier ministre sera[it] libéré et s’il l’[était], quand », en raison des nombreux dossiers auxquels il est confronté.
Imran Khan, chassé du pouvoir par une motion de censure en avril 2022, avait été condamné le 5 août à trois ans de prison pour corruption. Il avait aussitôt été arrêté et transféré dans la prison d’Attock.
La Commission électorale du Pakistan l’avait écarté quelques jours plus tard pour ce motif de toute participation à des scrutins électoraux pendant cinq ans. En vertu des lois pakistanaises, aucune personne condamnée ne peut diriger un parti, se présenter à des élections ou occuper une fonction publique.
Depuis son éviction, M. Khan a déclaré que sa destitution était le fait d’une conspiration des Etats-Unis, de son successeur Shehbaz Sharif et de l’armée pakistanaise – des accusations qu’ils nient tous. M. Sharif a démissionné ce mois-ci après la fin du mandat parlementaire. Pendant ce temps, le Pakistan est confronté à une crise économique et politique de plus en plus grave.